DE
VULGARI
ELOQUIO
DOMAINE DE L'EPIGRAMME ET DE L’ENLUMINURE
libre au poète ,
pour chaque signe,
d’aviser mille, et encore maints supports,
inédits, ordinaires, virtuels ou immémoriaux
/
libre à lui de raviver le grain d’une roche,
une lueur sous le verre des néons,
et d’un souffle
le côté chair d’un parchemin
/
libre à lui de décider de la nature
et de l’aspérité du signe,
de sa texture, du grain de l’empreinte,
du lieu, et du moment de l’inscription.
Manifeste Poésiste 2
(extrait)
DE
NATURA
SIGNORUM
Il y a déjà , aussi bien dans les poèmes typographiques que dans les poèmes manuscrits, ces reliefs qui émergent du plan, ces matériaux, ces objets, saillants... Toujours sous jacent, le désir d’explorer la matérialité du signe et la troisième dimension du poème. Les œuvres De Vulgari Eloquio y donnent libre cours, suivant la licence décrétée par le second Manifeste Poésiste.
MATERIA SIGNORUM
DE LA MATÉRIALITÉ DES SIGNE
Au fil des séries De Vulgari Eloquio, tous types de matériaux et de supports sont utilisés. Tous types d’objets, de signes, et tous types d’outils aussi. Mais chacun d’eux entretient ou ravive un lien particulier avec l’écriture, direct ou indirect, contemporain ou révolu, frappé d’obsolescence.
En fait de signes, des lettres, chiffres et caractères de toutes origines, faits d’acier, de béton, de verre, de bois, d’ombres ou de plastique. Le poème convie néons et lettres d’enseignes, glyphes de plomb, de plastique ou de bois, les formes alphabétiques de jouets enfantins ou celles de pâtes alimentaires, et des bribes de mots, des jambages majuscules, typographiées sur des lambeaux d’affiches.
Des objets aussi, qui tendent à faire signe et entreprennent de faire sens : des clous, en écho aux écritures cunéiformes (à moins qu’ils ne composent des signes braille), des pages de livres froissées, liées en boules, des stylos, des plumes, des enveloppes postales, des boites de crayons, closes, entrouvertes sur quelque mot ou remplies de barbelés...
Pour supports, du papier journal, vierge ou imprimé, les strates agrégées d’affiches publicitaires, des plaques d’impression offset, des fibres végétales, du parchemin... Ailleurs, au bon souvenir des inscriptions pariétales, des pétroglyphes et des signes lapidaires, le grain est minéral : ce sont des supports d’ardoise, de sable de béton, des tablettes d’argile, des composites de résines, des poudres de marbre ou de granit. À l’image des murs urbains sur lesquels l’auteur égrène, depuis 1985, signes et poèmes (cf. Poèmes actions), l’écriture y est gravée, peinte, pochée au gré des incidents de surface.
Souvent, des plans rapportés, se superposent à celui du poème. Ici, enchâssées d’acier, des inscriptions sur des plaques de verre, décalées du plan d’une œuvre sur laquelle leurs ombres vont se porter. Hors cadre, mais solidaires du cadre ; par l’écriture, l’acier soudé, et par la lumière qui transporte les ombres.
DE LA CHAMARRE
ET DES OMBRES INCARNEES
Sur les pages d’ anciens manuscrits, il y a ces lettres colorées, ornées, dorées, historiées ; de vives initiales, des lettrines, des enluminures... C’est l’irruption de la couleur, participant d’une esthétisation du signe et de la page. A d’autres fins et par d’autres moyens, il y a aujourd’hui le design graphique, ces lettres chatoyantes, sur les affiches publicitaires, les écrans, les magazines, les enseignes commerciales.
Les séries De Vulgari Eloquio, explorent et interrogent l’esthétisation du langage, la part du décoratif, de l’accessoire, le cheminement du regard, la pertinence d’une inflexion chromatique, et sa capacité à faire sens. Sans cesse, elles mettent en œuvre, et en question, le dialogue du texte et de l’enluminure.
Déjà , parmi les poèmes typographiques et manuscrits, des notes de couleurs apparaissaient, interrogeant le dialogue du noir et du blanc, le jeu d’ombres et de lumière qui fonde avant tout l’écriture poétique. Avec les œuvres De Vulgari Eloquio, la couleur investit progressivement l’espace du poème. Ce sont des touches éparses d’abord, et les teintes naturelles des matériaux employés. Et puis viennent des couleurs, par aplats croissants, celles des affiches publicitaires, les teintes cuivrées d’anciennes enveloppes postales, imprégnées de cire, les surfaces minérales quelquefois saturées de pigments...
Parfois, le blanc disparaît totalement au profit de la couleur. Quelques signes parviennent encore à y imposer leur présence. D’autres semblent absorbés par les couleurs et l’insuffisance du contraste. Souvent, le blanc et de vives couleurs se partagent - ou se disputent l’espace, et la priorité du regard.
Ici, ce sont des dégradés d’ocres, de carmins ou de bleus ; ils submergent le texte de papiers journaux, par vagues successives. En marge, dans le blanc alentours, des inscriptions manuscrites, dactylographiées, imprimées, comme autant de signes de pagination, d’oubli, d’annotations, de frontispices, de pieds-de-mouche, de bandeaux marginaux ou de filigranes...
Les œuvres s’inscrivent aux confins du domaine poétique, là où le regard hésite entre information esthétique et linguistique. Elles explorent la matérialité, l’esthétisation des signes, leurs manières de composer dans l’espace et de faire sens. Elles interrogent la résistance du support à l’inscription, la justesse du geste et la pertinence de l’outil. Elles inventent un domaine où l’écriture procède aussi de la soudure, du broyage des pigments, de la préparation des encres et celle de résines, d’une taille d’épargne sur bois et de la taille douce du métal... D’œuvre en œuvre, suivant les préceptes du second Manifeste Poésiste, les séries De Vulgari Eloquio entreprennent de renouveler l’espace, le geste et l’acte poétique.
Poesia 1 Ã 5
1988
format : 30x20 cm
technique : perforations et clous d'acier sur ardoise
Avec les œuvres de la série Tabulae (initiée en 1988) débute l'investigation du signe "matériel" et de son dialogue avec le support sur lequel il s'inscrit.
Les tout premiers poèmes (poésie 1-5) constituent une variation emblématique, autour de la transcription en braille du mot «poesia» : chacun des points qui en compose les lettres est perforé dans une ardoise de schiste. Un mot, en creux, dans le schiste. Et l'idée d'un doigt qui affleure.
Ce sont des poèmes à voir, et paradoxalement ils s'inscrivent dans la langue des non voyants. Pour autant, il y a quelque chose d'une évidence dans le choix du braille, dans la mesure où le relief et la matérialité des signes sont nécessaires à sa lecture.
Mais tout de suite, l'évidence cède aux paradoxes. Des pointes d'acier émergent des signes perforés (poésie 2) et conrarient déja l'idée d'un effleurement. Des signes divaguent, en creux (poésie 3), sont obstrués par de la cire à cacheter (poésie 5), ou absurdement réhaussés à la feuille d'or (poésie 4). D'un point l'autre, une ligne de fracture.
Note :
Certaines œuvres des séries Tabuale sont réalisées
sur des ardoises d' d’écoliers.
Sans titres
1988-1992
format : 30x20 cm
technique : mixte sur ardoises
CONCRETE POETRY 01
Création 1989
Technique : Typographie béton
SERIE
CONCRETE
La série Concrete Poetry est une variation autour du terme de poésie concrète, terme employé pour désigner une partie de l'avant garde poétique à l'issue de la seconde guerre mondiale (manifeste publié en 1950 par Eugen Gomringer et Augusto de Campos).
Composées à l'aide de lettres de béton, les œuvres Concrete Poetry rendent littéralement compte de l'homonymie anglaise (concrete - béton / concret) : une forme de transition s'opère depuis le concept de poésie concrète, vers la une poésie explorant la matérialité des signes et du poème.
CONCRETE POETRY 02
Création 1990
Technique : Typographie béton
Sans titres
1994
format : 22x15 cm
technique : peinture, mine de plomb, craie grasse,
typographie embossée sur plastique,
fil de fer, marteaux de machine à écrire sur carton.
Sans titres
1994
format : 22x15 cm
technique : peinture, mine de plomb, craie grasse,
typographie embossée sur plastique,
fil de fer, marteaux de machine à écrire sur carton.
A32 80x60cm 1990 POESIA 7 80x60cm 1990 A NOIR 80x60cm 1990 LETTRE L 80x60cm 1990 ECRIRE 180X130cm 1990
Techniques : résine, sables, poudres de marbre, de granit, pigments, vernis, peinture acrylique, peinture aérosol, plaques offset, enveloppes postales, lambeaux d'affiches.
Supports : bois et médium
Sans titres
1994
format : 22x15 cm
technique : peinture, mine de plomb, craie grasse,
typographie embossée sur plastique,
fil de fer, marteaux de machine à écrire sur carton.
Sans titres
1994
format : 22x15 cm
technique : peinture, mine de plomb, craie grasse,
typographie embossée sur plastique,
fil de fer, marteaux de machine à écrire sur carton.
Sans titres
1994
format : 22x15 cm
technique : peinture, mine de plomb, craie grasse,
typographie embossée sur plastique,
fil de fer, marteaux de machine à écrire sur carton.